Fable
Aux usines Delafontaine, le harcèlement par Monsieur Jean est permanent. « Mes oiselles, que vous êtes jolies, que vous me semblez belles » flatte le rusé goujat, enchaînant : « surtout de ce léger outrage ne faites pas un fromage ». Les ouvrières étaient tétanisées, proies sans voix... jusqu'à cette journée internationale de leurs droits où elles jurèrent honteuses et confuses que le boss ne s'y reprendrait pas.
Bobois
Kallipugos
Console galbée, marquetée en bois de rose, bouton laiton avec gland doré or fin, ruban à gros nœud rouge sang. Dessus de marbre rosa perlino et pieds en amourette laqués Louboutin.
Sur commande.
Chaos
Camion converti en lupanar, le premier bordel mobile de campagne baptisé "La bonbonnière" aura la vie brève. Voici racontés les débuts de la gaudriole militaire motorisée.
L’adage dit : la prostitution suit les armées. Donc, pour la guerre moderne, on s’est donc adapté : un Berliet bâché et capitonné. Sorti de l’usine de Montplaisir (sic), la feuille de route le mène droit aux soldats affamés. Conscient du risque d’engorgement, le haut commandement fera en sorte que les filles particulièrement délurées soient conditionnées aux cadences élevées : jamais de préliminaires et en amazone. La perspective d'un défoulement salutaire va pourtant capoter. Un avion ennemi Albatros lâchera sa fiente à l'aplomb du véhicule dédié à la copulation patriotique. Flambant neuf il finira consumé. Sortiront du brasier : Hortense, Marie et Aimée, volontaires du réconfort bien esquintées.
Pourtant, tout juste rafistolées, les filles feront du handicap leur allié. Engagées au "Magnum Pleasure" par Rosa Luxe, elles chouchoutent les gueules cassées auxquelles elles s'offrent dans un élan de solidarité… parfois le grincement des attelles et la quinte d'ypérite interfèrent avec le souffle des libidos surchauffées.
Frousse
En campagne, le pesticide croque le spermatozoïde. La bucolique montée de sève paysanne est menacée, l'agreste fécondité en danger. Prenons conscience qu'il y a péril en la semence. Comme quoi un simple grouillement défaillant dans le calcif peut s'avérer démographiquement explosif.
Encas
Au village, il se raconte que Thérèse, dite "bombette", grimpe sans culotte porter le casse-croûte aux hommes de la palombière… et qu'elle redescend bien une heure plus tard. C'est Jeannot, le fils Thenot, qui répand l'histoire. Tapi sous l'abri, il aurait surpris d'en dessous la bombette sans dessous monter l'échelle. Une nouvelle qui met la population sens dessus dessous. Pour faire taire la rumeur, le maire a promis de faire installer une corde avec poulie afin de hisser la cantine sans la cantinière. Mais, il y avait-il galipettes après grimpette ? Nul ne le sait, le silence est chasse gardée.
Trempe
Depuis hier matin, José mon buraliste se la pète en banquier. Troquant jean usé et col roulé pour un trois pièces en soie cravaté, il joue au conseiller inspiré et surmené. Et ce qui était à craindre arriva quand refusant 20 € à Dédé éméché au prétexte de facture d'eau impayée, il a pris une branlée.
Spleen
L'homme a déjà tant trucidé sous l'odieux couvert du "génétiquement pas intéressant" que la grogne gagne à propos de Marius, un girafon victime de la même déraison... ça fend le cœur.
Ration
Ça y est, ils vont le dépecer et l'offrir sur le business marché. Pour une mise aguicheuse à l'étalage, Starck est tout désigné. Libé", nous l'avons aimé... bien que sentant ces derniers temps sa niaque décliner. Mais, au demeurant, fallait-il mettre sa vie dans les mains d'un boss au C.V. si léger ?
Effet
La Lomagne est toute en appétissantes rondeurs... et quand elle vous aguiche ce n'est pas pour des prunes.
Cru
Au palais Grassi, on expose le peintre Balthus, ses félins libidineux et ses nymphettes langoureuses. L’une d’elles, la jambe haut levée, dévoile son mont de vénus, truffe bistre dans un écrin de chair blanche. Fixant l'œuvre de Balthus, Carole se revoit il y a quelques mois dans un studio photo minable pour une mise en scène tout à l'identique : le chat cochon, la mise à nu du plus intime … elle avait été la proie d’un amateur de minettes sous couvert de Beaux-Arts. « Balthus a bon dos n'est ce pas Carole » murmure un homme derrière elle qui lui dit que c'est en tant qu'ancien du collège qu'il accompagne ce voyage scolaire dans le but de la rencontrer. Robert Clair est là pour s'excuser du comportement de son frère Albert dont il a découvert les photos scabreuses la concernant. Son frère qui sur d'autres clichés, nu comme un ver, lampe au goulot le Petrus 61 qu'il lui a volé ! Robert prend congé de Carole après l'avoir embrassé affectueusement comme il le fera deux ans plus tard en prison la veille de se pendre.
Au retour de Venise, l’ennui avait rattrapé Carole, entre des parents chômeurs et la préparation du Bac Pro… jusqu’à cette nouvelle dans le journal La Provence : “ Pour un grand vin, il tue son frère,” le crime d'un épicurien arguant du caractère exceptionnel du millésime profané. Un fratricide sur fond de sacrilège œnologique.